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PRIX JACQUES HUISMAN 2009

7e édition


Le Jury 2009 :

Président : Jacques De Decker

Membres : Pascal Charpentier, Martine D. Mergeay, Billy Fasbender, Jean-Claude Frison, Marine Haulot, Anne Jottrand, Alain Leempoel, Philip Tirard, Luc Van Grunderbeeck.

Le Jury a entendu 8 candidats à la Bellone, le 16 mars 2009. Trois finalistes ont été choisis : les voici juste avant la proclamation.

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PRESENTATION DES TROIS FINALISTES

Emmanuel Dekoninck

DekoninckDe nationalité belge, né à Ottignies en 1975, entré au Conservatoire de Bruxelles immédiatement après ses études secondaires, Emmanuel a décroché ses premiers rôles avant ses premiers prix et n’a, depuis, cessé de jouer, tout jouer. Les grands classiques comme les créations, avec quelques détours du côté des matchs d’impro, des dramatiques radio, des lectures spectacles, des audio livres dont Millenium de Stieg Larson. Où joue-t-il ? En Belgique – grâce à la confiance que lui fit Daniel Scahaise au Théâtre de la Place des Martyrs – et rien qu’en Belgique, à part une escapade en France il y a plus de dix ans. Mais depuis 2006, la mise en scène le titille – dont acte avec Le laboratoire des hallucinations et Peter Pan – et ses connaissances musicales le poussent vers de nouveaux répertoires. L’Opéra de Quat’Sous (qu’il avait déjà approché à travers L’opéra des gueux de John Gay), le travail avec Laurent Pelly et le séjour à la Comédie française ont lancé un triple appel auquel le talentueux brabançon ne pouvait rester indifférent. Pour lui, le moment est venu de « prendre du champ».

courriel : manudeko@skynet.be

Jeremy Gendrot

Gendrot Né à Braine-l’Alleud en 1985, il parle le français, le néerlandais, l’anglais et l’espagnol et, dans son français maternel, il n’hésite pas à glisser des néologismes de son cru, pourvu que l’expression s’en trouve renforcée. Pas de règle pour Jeremy Gendrot, mais, à travers un extraordinaire foisonnement d’idées et d’actions, beaucoup de professionnalisme et de générosité. L’école Decroly lui donna le virus du théâtre, relayée par l’Académie d’Uccle jusqu’à son entrée à l’INSAS, où il put suivre un cursus complet grâce à la bourse du mérite. Depuis 2003, Jeremy accumule les expériences en théâtre, en cinéma, en écriture, en arts martiaux, il assiste d’éminents professeurs ou metteurs en scène, en Belgique, en France ou en Amérique du Sud, habité par une idée centrale : donner - ou rendre - au théâtre son caractère de nécessité. Après avoir vu Le Roi nu, mis en scène par Laurent Pelly, il s’est dit : « divertir les gens est une action politique, et ce jour là, j’ai ri aux larmes /…/ il y avait aussi beaucoup de simplicité ». Deux raisons au moins qui suscitèrent son enthousiasme pour le stage proposé aujourd’hui.

courriel : jeremy.gendrot@gmail.com

Yvain Juillard

Juillard Français, né au Mans en 1979, Yvain mène parallèlement des études scientifiques (il est titulaire d’un DEA de biophysique et d’un magistère en biologie intégrative) et théâtrales (aux conservatoires d’Angers, Rouen et Cergy-Pontoise). En 2003, sa passion pour le théâtre l’emporte, il quitte sa France natale, s’inscrit à l’Insas, obtient son diplôme en 2007 et est aussitôt accueilli dans la profession, tout en menant des projets remarqués dans les domaines du cinéma, de la danse, de l’écriture, du dessin. C’est du lieu de sa double formation de base qu’Yvain Juillard regarde le monde, pratiquant sa « capacité d’analyser et de décortiquer les mécanismes qu’on serait sinon amené à subir », et en cela proche de Brecht, qu’il connaît bien. Il sait aussi que la ligne où le politique et le poétique parviennent à cheminer de pair est fragile, et c’est ce qui le tente. Lorsqu’il découvrit Laurent Pelly à travers sa mise en scène du Roi nu il éprouva un sentiment de reconnaissance – dans le sens de retrouvailles - à son égard : « travailler avec cet homme est resté un de mes désirs forts d’artiste en devenir ». De plus, cela se passe à la Comédie française, grâce à une association belge : une boucle du destin.

courriel : yvainjuillard@yahoo.fr

LA CEREMONIE DE REMISE DU PRIX 2009

s’est déroulée le 30 mars 2009 dans la magnifique Salle du Trône du Palais des Académies en présence de SE Monsieur Dominique Boché, Ambassadeur de France, de nombreuses personnalités du monde culturel et politique et des membres de l’association du Prix Jacques Huisman.

Alain Leempoel, Président, a joué le rôle de maître de cérémonie avec talent, esprit et gentillesse. Il a rappelé l’évolution positive de la carrière des premiers lauréats, a raconté sa rencontre toute récente à Toulouse avec Laurent Pelly, malheureusement empêché ; il s’est adressé à chacun des finalistes avant de passer la parole au Président du Jury, Jacques De Decker.

Ce dernier a remercié les membres du jury pour la qualité de leur collaboration, a évoqué la mémoire de Raymond Avenière et Jo Rensonnet, deux brillants comédiens ayant fait partie de la troupe du Théâtre National puis a rendu un chaleureux hommage à Jacques Huisman avant de dévoiler le nom du lauréat 2009 : Emmanuel Dekoninck

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Le voici qui s'adresse à ses compagnons sous l'oeil de Jacques De Decker et Alain Leempoel.

Emmanuel Dekoninck recevra une bourse de 2500 euros et le remboursement de tous ses frais de voyage et séjour à Paris.

Il réalisera un stage de 8 semaines auprès de Laurent Pelly, Directeur du Théâtre National de Toulouse, une des personnalités les plus marquantes et des plus originales de la scène internationale tant au théâtre qu’à l’opéra. Ce stage aura lieu à Paris à la Comédie-Francaise, lors des répétitions de L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht, musique de Kurt Weill, en janvier et février 2011.

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Voici les finalistes, diplômes et livres (de théâtre) en mains.

Au cours de la soirée, Catherine Simon a lu une partie du message international pour la Journée mondiale du Théâtre (27 mars) écrit cette année par Augusto Boal.

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lecture du message cliquez ici

Photos: Julien Pohl ©



INTERVIEW DU MAITRE DE STAGE : LAURENT PELLY

Gravité et légèreté de L’Opéra de Quat’sous

Photo Pelly

©Emmanuel Grimault

De Grenoble à Toulouse, de Glyndebourne à New York, Laurent Pelly est une des personnalités les plus originales et les plus marquantes de la scène internationale, tant au théâtre qu’à l’opéra. De nationalité française, né en 1962, ce créateur curieux de tout attendit pourtant vingt ans – mettant en scène plus de cinquante productions théâtrales à travers toute la France - avant d’aborder l’opéra. Ses premières productions lyriques – citons Platée de Rameau, La Belle Hélène, Les Contes d’Hoffmann ou La Grande Duchesse de Gerolstein d’Offenbach – remportent un immense succès, attestant une approche toute neuve de ce répertoire, à la fois cultivée et accessible, profonde et débridée. Simultanément, un genre nourrissant l’autre, Laurent Pelly poursuit son travail « purement » théâtral : en 2004, il monte Le Roi nu de Schwarz à Grenoble, en coproduction avec le Théâtre National de Belgique, une mise en scène qui marque les esprits, chacun des finalistes du Prix Jacques Huisman y a fait allusion…

Depuis janvier 2008, en tandem avec Agathe Mélinand, sa partenaire depuis 1982, il assure la direction du Théâtre National de Toulouse. C’est de là, en pleine production de la pièce Talking Heads d’Alan Benett, qu’il a répondu à nos questions.

Qu’est-ce qui a motivé votre intérêt pour le Prix Jacques Huisman ?

Mon envie de transmettre quelque chose de mon expérience - et de mon savoir. La mise en scène est un domaine où l’enseignement direct est plutôt rare, pour ma part, je ne l’ai pas vécu et cela m’a manqué.

Comment définiriez-vous la fonction d’assistant, centrale dans ce prix Jacques Huisman ?

Le propre de l’assistant est d’être à la fois discret et présent ; il est celui qui a un regard concerné sur le travail, sur qui on peut compter, à l’écoute de tout et de tous, et fiable. Il est aussi une courroie de transmission avec tous les corps de métier, artistiques autant que techniques et administratifs. Il doit aussi disposer d’une grande capacité d’anticipation (il ne faut pas que le metteur en scène ait tout à lui dire…). Et, à titre personnel, comme j’ai horreur de faire des plannings, sur cette question aussi, je compte sur l’assistant, surtout à l’opéra (beaucoup plus lourd que le théâtre) où l’on vit au rythme d’un compte à rebours terrifiant !

Vous travaillerez ensemble sur L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht : une œuvre bâtarde entre théâtre et opéra ?

Pas bâtarde du tout ! Même si Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (que je monterai à Toulouse peu avant) est d’une plus grande richesse musicale, L’Opéra de quat’sous a sa force et son langage propres, liés à un contenu plus que jamais d’actualité, dénonçant les inégalités et les injustices sociales. Dans son écriture, elle est proche de la comédie musicale – un genre difficile, peu pratiqué en Europe – avec cette particularité de mélanger la gravité du propos et la légèreté de la musique. Ca crée un regard joyeux, ludique, sur les problèmes abordés.

Peut-on rire dans L’Opéra de quat’sous ?

Je ne vais pas en faire quelque chose de désopilant. De toute façon, j’ai toujours l’impression de raconter des histoires tristes, et même si je fais rire, c’est toujours sur un fond pathétique.

C’est vrai que vous faites souvent rire, mais le rire ouvre les émotions, il peut aussi comporter une dimension compassionnelle…

Tout dépend du regard qu’on pose sur les choses. Nous donnons en ce moment Talking Heads de Bennett, une pièce qui raconte trois solitudes de femmes, dont une est atteinte d’un cancer, ce n’est pas drôle du tout mais il est vrai qu’on rit ; par la subtilité et la tendresse, on est exactement sur ce fil que vous évoquez. J’adore cet endroit-là et, dans la plupart de mes spectacles « comiques », c’est dans cette veine-là que je m’inscris, même pour la Danse de mort de Strindberg… On ne se refait pas, c’est comme ça que je suis.

Comment avez-vous imaginé votre casting ?

Je n’ai encore aucune idée, les auditions commencent dans 15 jours mais je sais que mon premier critère sera musical. L’Opéra de quat’sous ne souffre pas l’approximation, ce sont des rôles vraiment chantés et donc la qualité musicale de la distribution est essentielle (ceux que ça n’intéresse pas n’ont qu’à monter du théâtre sans musique…).

Et l’équipe musicale ?

Bruno Fontaine – compositeur et chef d’orchestre - est le directeur musical du projet, quant à l’orchestre, nous sommes à la recherche d’un ensemble à la fois performant – la musique de Kurt Weil est exigeante et ne tolère aucun changement d’effectif – et suffisamment souple pour tourner durant une période de 4 à 5 mois. Ce sera probablement du côté d’un orchestre de jeunes…

Propos recueillis par Martine D. Mergeay.



La Comédie-Française

logo« À coups de succès, batailles et revers, armée de traditions et d'audaces, portée par ses grands comédiens, guidée par ses administrateurs, avec la passion du spectacle vivant et le risque de la scène, la Comédie-Française a parcouru trois tumultueux siècles d'existence. Lieu de confrontation vigoureuse entre la tradition et l'audace, ce théâtre réunit une société de talents et de savoirs et son histoire s'inscrit dans la triple vie de sa troupe, son répertoire, ses salles. »

Nous remercions Madame Muriel Mayette, Administrateur général de la Comédie-Française de nous offrir ce stage exceptionnel.





Présentation de Jacques De Decker

Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et littérature française de Belgique

De DeckerEn 1963, l'année où il entame ses études de philologie germanique à l'ULB, Jacques De Decker débute comme acteur : il joue le rôle de Monsieur Martin dans La Cantatrice Chauve au Théâtre de l'Esprit Frappeur, qu'il vient de fonder avec son ami Albert-André Lheureux rencontré à l'Athénée de Schaerbeek. Théâtre et connaissance des langues : les deux se rejoindront lorsque six ans plus tard se jouera dans la même petite salle une première pièce qu'il aura adaptée de l'anglais. Entre-temps, il aura achevé sa licence avec un mémoire (écrit en néerlandais) sur le théâtre de Hugo Claus qui paraîtra en 1971 à Anvers sous le titre Over Claus' Toneel. Théâtre, plurilinguisme, approche critique : les trois premières bases d'une activité sont jetées. Il va largement développer son activité d'adaptateur de pièces des répertoires anglo-saxon, néerlandais, allemand, et transposer, au cours des décennies qui suivront, plus de soixante ouvrages, tant classiques que contemporains, et pour la plupart des scènes belges : Rideau de Bruxelles, Théâtre National, Parc, Galeries, Atelier Théâtral de Louvain, Poche, en se focalisant particulièrement sur la compagnie Théâtre en Liberté et le Théâtre de la Place des Martyrs, animés par Daniel Scahaise.

Sa collaboration avec le metteur en scène Jean-Claude Idée est très régulière également : ils présenteront notamment, en 1998, à l'occasion du jubilé de Goethe, Egmont dans la cour de l'hôtel de ville de Bruxelles.Idée montera aussi des pièces originales de De Decker : Tranches de dimanche en 1988, Le Magnolia en 2000 qui depuis a été joué au Théâtre Hébertot à Paris ainsi qu'au Théâtre National de Riga.

Entre-temps, De Decker poursuit son travail d'enseignant : à l'Insas, au Conservatoire de Bruxelles (histoire du Théâtre) et dès 1971, il devient critique littéraire au journal Le Soir, auquel il est toujours attaché, et dont il dirigea le service culturel de 1985 à 1990. Ses articles seront réunis dans plusieurs ensembles critiques : Les années critiques. Les Septantrionaux en 1990, En lisant, en écoutant en 1996, La brosse à relire en 1998.

En 1985, il débute dans le roman avec La Grande Roue. Le livre sera retenu dans la première sélection du prix Goncourt. Comme le roman suivant, Parades amoureuses, en 1990, figurera dans celle du Renaudot. En 1996, Le Ventre de la baleine s'inspirera des interrogations laissées par l'affaire Cools. Ce roman est le signe manifeste du souci qu'a De Decker de l'investissement des écrivains dans les questions d'actualité. C'est dans cet esprit qu'il relance avec l'éditrice Luce Wilquin en 1998 la revue Marginales.

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